Les-Reflexions-de-Mayoke

Les-Reflexions-de-Mayoke

L'abandon

Par Mayoke  le 18 Octobre 2012

Je me sens abandonnée, terriblement abandonnée, maman. Tu me manques, maman. Je ne sais pas ce qui se passe en moi, mes pensées se tournent vers toi, le ressens-tu ? J'ai posé une photo de sur ma coiffeuse, chaque matin, je la regarde ; tu sais, c'est celle que j'ai prise dans ta chambre de la Maison de Retraite, tu es assise dans ton fauteuil près de la porte-fenêtre, un rayon de soleil réchauffe la vitre et se pose sur tes jambes nues, tu regardes vers moi en parlant ; un énorme coussin placé derrière ton dos te fait paraitre minuscule ! Tu as tellement maigri, tu es si petite et fragile, tu as beaucoup souffert maman, ces derniers mois. Papa est tombé très gravement malade, ce cancer aux mille-pattes, chimio-médicaments-perfusions-soins-morphine-sommeil-mort ; tu es tombée malade en même temps que papa, deux opérations qui ont laissé ton corps faible et amaigri. Le décès de papa, septembre 2010, tu ne pouvais plus rester seule et l'approche de Monsieur Alzheimer a accentué tes difficultés. Petit-à-petit, tu as repris un peu de forces, toi, toujours si courageuse. Et j'ai aimé, et tu as aimé aussi, que nous puissions partager des repas dans une petite salle à manger, toi, moi et ton autre fille ; nous avons échangé des souvenirs, anecdotes familiales, tu as ri, plaisanté.

Maman, je veux pouvoir garder en mémoire ces derniers moments passés avec toi comme je garde en moi les souvenirs de petite fille, d'ado, de femme, ta présence vivante. Mais maman, c'est ça qui ne va pas, tu n'es pas là, tu n'es plus là, nous avons dû te laisser dans cette boite de bois, te laisser seule. Arpès papa, c'est toi qui es partie, en mai dernier, ce 3 mai, nous t'avons dit aurvoir. J'ai parlé de toi dans un article précédent, tes dernières semaines de vie à la Clinique et les jours de pluie qui ont accompagné chaque jour de souffrance ; quelle tristesse, un jour de pluie pour un jour de souffrance, quatre semaines ainsi. Mais maman, tu sais que chaque jour passé auprès de toi, je les ai gravés dans ma mémoire, je te parlais et tu communiquais avec moi, ta main dans la mienne, j'ai pu te faire rire, ensuite sourire, et vers la fin, seul ton regard répondait et puis tes paupîères fermées.

La veille de ton décès, j'ai passé plusieurs heures auprès de toi, tu ne pouvais plus te réveiller, je t'ai parlé, j'ai réchauffé tes mains dans les miennes, je t'ai embrassée.

Maman, aujourd'hui, je ne vais pas bien, je peux m'accrocher à tous les souvenirs ou toucher les objets que tu avais pris dans tes mains, tu n'es plus là maman. Je ne suis pas une petite fille, j'ai 57 ans et je pleure ton départ, je le pleure tellement. Papa me manque aussi terriblement, tu sais bien, j'ai aussi des milliers de souvenirs partagés avec lui, c'était un bon père. Je pense que le lien qui unit une mère à sa fille ou une fille à sa mère est très spécial, le cordon n'est jamais coupé, ce fil qui nous unit est chargé d'amour, de pensées, de gestes, de disputes, sur ce fil, se sont noués des milliers de noeuds qui ne peuvent être défaits. Ni le temps, ni la mort ne peuvent les dénouer, il n'ya que ma mort qui pourrait les défaire mais ça n'arrivera pas.

Alors, je te le dis maman, j'ai mon coeur gros, gros, il explose de chagrin, je me sens abandonnée, j'ai terriblement besoin que tu sois là. Je suis redevenue une petite fille qui a besoin de tes bras.



13/06/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour